Si l’histoire de Passbolt commence en Inde, c’est au Luxembourg que l’aventure de cette start-up prend réellement son envol. Entrepreneur français expatrié – il a créé une agence web qui emploie une soixantaine de personnes à Delhi – Kevin Muller se rend compte que la gestion des mots de passe au sein de son entreprise est un casse- tête. Il créé donc une solution, qui va d’abord devenir un produit à part entière, puis la société Passbolt.
« Avec mes deux associés, nous souhaitions revenir en Europe pour y créer notre start-up », se rappelle l’entrepreneur. « Nous pensions tout d’abord plus particulièrement à la Suisse, mais en tombant un peu par hasard sur le programme Fit 4 Start, nous avons finalement choisi le Luxembourg. »
Le projet est retenu dans le cadre de la 3e édition du programme start-up de Luxinnovation et Kevin Muller est le premier à déménager au Luxembourg pour suivre les sessions de coaching. Entre temps, la société Passbolt est créée et installe son siège au Technoport. Cédric Alfonsi, le second cofondateur, rejoint lui-aussi le Luxembourg pour s’impliquer à plein temps dans la start-up.
L’accès à un réseau
« Nous avions une belle expérience entrepreneuriale derrière nous et nous n’étions pas forcément prêts à recevoir des leçons sur comment gérer notre entreprise, mais nous nous sommes rendus compte que les gens qui écoutaient nos pitch ne comprenaient pas ce que nous faisions », reconnait Kevin Muller. « Nous étions tombés amoureux de notre projet et ne prenions plus assez de distance pour se poser les bonnes questions. Fit 4 Start nous a aidé à affiner notre stratégie marketing. »
Fit 4 Start nous a aidé à affiner notre stratégie marketing.
Passbolt a développé une solution de partage des mots de passe entre collaborateurs. Celle- ci vise non seulement à combler les failles de sécurité engendrées par ces pratiques, mais aussi à améliorer la compétitivité, en particulier dans le domaine des technologies de l’information et des communications. La solution est d’abord proposée en open source, à travers une communauté de plusieurs milliers de membres, qui renvoient aux jeunes entrepreneurs des critiques très importantes pour améliorer leur produit.
En attendant ses premiers revenus, Passbolt cherche des fonds. Les 50.000 euros qu’obtient la start-up de Fit 4 Start constitue une première bouffée d’air. Elle termine ensuite avec succès le programme, et enchaîne avec une levée de fonds privée de 110.000 euros, condition pour se voir verser une deuxième subvention du ministère de l’Économie de 100.000 euros.
«Fit 4 Start nous a non seulement aidés à préciser notre business model, mais aussi à accéder à un réseau», complète Kevin Muller. «Nos premiers investisseurs sont venus nous voir quelques jours seulement après la fin du programme. Tous étaient des business angel et l’un d’entre eux faisait même partie du jury de Fit 4 Start.»
Une croissance qui s’accélère
Avec 260.000 euros dans les caisses, Passbolt peut se concentrer sur le développement technique de sa solution et sa stratégie commerciale. Au mois de mai 2018, la start-up lance ses premières offres payantes. Et dès les premiers jours, les entrepreneurs ont la surprise d’avoir des commandes bien plus grosses qu’anticipé.
Les choses s’accélèrent pour la jeune pousse, qui ressent rapidement le besoin de débuter une seconde levée de fonds. Kevin Muller, Cédric Alfonsi et Rémi Bertot, le 3e cofondateur qui a depuis rejoint le Luxembourg, se mettent donc au travail. Ils cherchent d’abord du côté des business angel, avant de se rendre compte que les fonds de capital-risque sont également intéressés.
C’est ainsi que le Digital Tech Fund, le fonds d’amorçage public-privé géré par Expon capital, rejoint l’aventure Passbolt et permet à la start- up de clôturer fin décembre 2018 un tour de table deux fois plus important que l’objectif initialement fixé, soit 460.000 euros.
L’avenir s’éclaircit donc encore un peu plus pour la petite entreprise, qui cherche à recruter entre trois et cinq personnes d’ici la fin de l’année, notamment pour renforcer son équipe commerciale. La suite ? Kevin Muller et ses associés la voit plus que jamais au Luxembourg. Ils espèrent en 2019 obtenir une aide publique d’innovation de procédé et d’organisation pour accompagner leur croissance, qui s’annonce exponentielle.
Cet article a initialement été publié dans le Rapport annuel 2018 de Luxinnovation.