Berceau de la richesse du Luxembourg, le sud du pays ne manque pas de vastes terrains industriels autrefois exploités par l’Arbed (aujourd’hui ArcelorMittal), pouvant connaître une nouvelle vie. On connaît déjà Esch-Belval, où patrimoine industriel et bâtiments administratifs les plus modernes cohabitent dans la plus parfaite des harmonies. Esch-Schifflange se profile désormais. Sur 60 ha d’un terrain qui porte un siècle et demi d’histoire, la possibilité de créer un éco-quartier d’un genre nouveau est à l’étude.
« Le site a été exploité de 1871 à 2012 et est officiellement en cessation d’activité depuis 2016 », explique Yves Biwer, directeur administratif de la société de développement Agora. « Suite à cela, nous avons a signé une convention avec l’État et le propriétaire du terrain, ArcelorMittal, dans le but de réaliser une étude de faisabilité pour le développement d’un nouveau concept urbanistique. »
Il est important d’intégrer, dès le commencement des réflexions sur ce projet, tous les aspects d’innovation.
L’idée est simple : créer un quartier agréable à vivre pour les générations futures. « Dans ce contexte, il est important d’intégrer, dès le commencement des réflexions sur ce projet, tous les aspects d’innovation, afin que les tendances et les réflexions orientées vers le futur s’y intègrent immédiatement. »
Au carrefour de l’offre et de la demande
Pour mener à bien cette phase préparatoire, Agora a fait appel à Luxinnovation, afin de pouvoir s’appuyer sur son vaste réseau et mobiliser les entreprises sur le terrain et les organismes de recherche.
« Avec Agora, nous sommes partis d’une feuille blanche », explique Charles-Albert Florentin, le manager du Luxembourg EcoInnovation Cluster chez Luxinnovation. « Il a donc fallu, pour commencer, définir quelle pouvait être la vision de ce futur quartier. Nous avons donc proposé des workshops pour identifier des concepts innovants, en collaboration avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), l’Université du Luxembourg et quelque 80 entreprises participantes ».
Au final, trois workshops ont été organisés, sur les thématiques de la (dé-)construction (matériaux, modélisation, économie circulaire), de l’intégration sociale (mobilité, qualité de vie et agriculture urbaine) et du métabolisme urbain (installations et de flux d’eau, d’énergie, de matériaux et déchets). L’objectif était clair : suggérer des lignes directrices pour le futur cahier des charges et recueillir de bonnes idées en vue du concours urbanistique à venir en 2019. Les principes de l’économie circulaire figuraient en bonne place dans les prérequis.
À la suite de quoi les architectes, urbanistes et paysagistes retenus, développeront leurs concepts en lien avec les entreprises locales. « L’ambition est de faire se rencontrer l’offre et la demande », précise Charles-Albert Florentin. « Nous avons identifié plusieurs projets intéressants pour le pays et nous souhaitons mettre en phase des concepts, des produits et des services, qu’ils proviennent de sociétés luxembourgeoises ou de sociétés étrangères désireuses de s’installer au Luxembourg dans ce contexte. »
L’humain au coeur de la réflexion
Différentes approches innovantes ont ainsi été soumises dans le cadre de ces workshops, concernant la construction des bâtiments en tant que telle, mais aussi le volet énergétique ou celui de l’eau. « Il y a des compétences intéressantes dans ce domaine, notamment sur le cycle du carbone, qui permet de ne pas considérer l’eau usée comme un déchet, mais comme une ressource carbonée au développement des plantes », dit Charles-Albert Florentin.
La démarche a été très appréciée des entreprises, qui n’ont pas manqué d’exprimer leur satisfaction d’être impliquées très en amont d’un tel processus et de pouvoir mettre en avant leur savoir-faire. Une dizaine d’acteurs, public et privés, a pu, au travers de présentations concrètes et documentées, exposer leurs technologies et concepts innovants.
L’être humain constitue un des principaux challenges à relever. Il faut penser un espace de qualité de vie pour tous ceux qui vont l’utiliser.
L’étude de cet éco-quartier intègre un concentré de nouveautés technologiques toutes mises au service du bien-être des futurs habitants. « L’être humain constitue un des principaux challenges à relever », confirme Yves Biwer. « Il faut penser un espace de qualité de vie pour tous ceux qui vont l’utiliser. Il est donc essentiel de se focaliser sur l’utilisateur et le placer au centre de nos réflexions. Ce n’est pas tout de développer des technologies très pointues, il faut sans cesse se demander comment l’être humain pourra en tirer le meilleur profit.
Cet article a initialement été publié dans le Rapport annuel 2018 de Luxinnovation.