Dans la famille Grosbusch, établie à Rosport depuis la deuxième moitié du 17e siècle, la tradition était agricole, transmise de génération en génération.
Mais en 1917, en plein cœur de la première guerre mondiale, Jean-Pierre Grosbusch, seul garçon d’une famille de sept enfants (ses six sœurs deviendront religieuses…), brisa le fil de ce destin qui semblait tout tracé.
Estimant que l’avenir se trouvait plutôt dans le bassin minier, il choisit, à 26 ans, de quitter le giron familial et d’ouvrir une épicerie, dans une zone commerçante surtout dominée par les cafés. Il y vend, outre les produits de la famille, les pommes de terre, pommes, poires, quetsches, mirabelles et autres fraises issus des exploitations de la région, le tout complété par des denrées venant qu’il va lui-même chercher aux Pays-Bas et en Flandres.
Le commerce souffre, comme tout le reste du pays, de la crise de 1929 puis de la Deuxième Guerre mondiale, mais il résiste. Dès 1940, l’armée allemande confisque tous les matériel roulants et les équipements des entreprises pour se les réapproprier… Mais Jean-Pierre Grosbusch parvient à conclure un accord avec une ferme voisine qui, contre des denrées, accepte de cacher son camion, ce qui lui permet d’être l’un des premiers à reprendre son activité immédiatement après l’Armistice.
Les journées sont longues et fatigantes, passées en grande partie sur les routes pour aller chercher, parfois loin, fruits légumes. Et en 1953, au moment de passer la main, Jean-Pierre Grosbusch se retrouve sans successeur, ses deux fils, Marcel et Jean, ne souhaitant pas reprendre l’épicerie.
Ils n’en restent pas moins très actifs, puisque Jean, de son côté, crée dès 1952 à Soleuvre, le grossiste « Grosbusch-Soanni », avec son ami Jacques Soanni, portés par l’ambition de devenir un des acteurs incontournables du marché. Son frère Marcel le rejoint en 1960 en tant qu’employé.
Le pari est gagnant : une dizaine d’années plus tard, l’entreprise compte déjà une centaine de salariés et, à la fin des années 70, elle figure en deuxième position d’un marché grand-ducal fort d’une douzaine de grossistes et importateurs.
Entre temps, en 1972, Marcel choisit de quitter la société pour s’établir à son tour à Soleuvre, en tant que demi-grossiste, dans le garage de 20m2 attenant à la maison familiale. Dès 1973, son fils André alors âgé de 17 ans, le rejoint et sillonne avec lui le pays lors des tournées quotidiennes, samedis compris, pour livrer toutes les épiceries qui existent alors.
L’autre fils de Marcel, René, qui décroche en 1971 son bac en commerce et gestion, part d’abord un an à Londres avant de revenir au Luxembourg pour intégrer le département financier de General Motors. Il y reste jusqu’en 1977, mais le besoin d’indépendance, la volonté d’entreprendre et l’envie d’être davantage au contact des gens finissent par l’emporter.
Avec sa femme, Colette, il se met ainsi à vendre à partir de septembre 1977 fruits et légumes sur les marchés du pays à Esch, Dudelange et Luxembourg. Grâce à un prêt de l’équivalent de 3.500 euros, le couple crée son propre étal de 12 mètres de long et achète un camion qui affiche 400.000 km au compteur. Quelques mois plus tard, le couple devient incontournable dans son domaine.
Rapidement, les besoins en surface de stockage augmentent et en 1978, René achète un nouveau terrain à Leudelange sur lequel est construit un dépôt avec les moyens du bord.
Mais en 1982, Marcel Grosbusch est victime d’une hémorragie cérébrale qui l’empêche de travailler. René vend alors son activité sur les marchés et rejoint son frère. « Marcel Grosbusch & Fils » voit ainsi le jour en août 1982 et, rapidement, la société mise sur un atout de taille : sa capacité à servir « à la carte » des petits clients négligés par les gros importateurs.
La conjoncture aidant – bon nombre de gros importateurs jettent l’éponge devant la concurrence de la grande distribution qui dispose désormais de ses propres centrales d’achat – l’activité de la société repart en flèche et bien vite le dépit de Leudelange est trop petit. C’est l’occasion d’acheter un nouveau terrain de 38 ha, cette fois à la Cloche d’Or, au début des années 90.
Il couvrira les besoins pendant plus d’une décennie, mais en 2005, alors que ne subsiste plus sur le marché qu’un seul autre concurrent, Grosbusch alors numéro 1, manque à nouveau d’espace. Direction cette fois Elange, avec la construction d’une première plateforme de 4.500 m2 pour la distribution et le conditionnement de ses produits. Le site sera porté à 12.500 m2 10 ans plus tard.
Entre temps, Lynn et Goy, les deux enfants de René, terminent leurs études et rejoignent l’entreprise familiale en 2010, en commençant par un parcours d’intégration interne leur permettant de toucher à toutes les tâches… y compris le balayage du dépôt.
En juin 2017, à l’occasion de ses 100 ans, Grosbusch inaugure officiellement une surface de 18.000m2 qui intègre la Grosbusch Academy (formation de «sommelier» en fruits et légumes) et Grosbusch Kids (promotion de l’alimentation-santé pour les 7-11 ans). Dans le même temps, le rayonnement de la société dépasse les frontières, avec la mise en place d’une cellule pour le marché allemand ou encore la livraison par avion aux expatriés aux quatre coins du monde.