Selon la cartographie du secteur des technologies de la santé au Luxembourg, réalisée en début d’année par Luxinnovation, environ un quart des entreprises est fortement orienté vers le numérique.
Cela met en lumière les effets positifs des compétences avancées du pays en matière de TIC sur ce secteur naissant au Luxembourg. Les exemples d’entreprises combinant ces deux spécialités sont nombreux: Arspectra, spécialiste de la réalité augmentée médicale 3D; LiveMetric, qui propose un appareil connecté pour la prise en charge de l’hypertension ou encore Hanalytics, qui a développé la première application d’intelligence artificielle au monde certifiée CE pour le diagnostic du cerveau, pour n’en citer que quelques-unes.
Les dirigeants de ces entreprises figuraient parmi les intervenants de la conférence «Bringing innovation to the healthtech market» organisée par Luxinnovation le 19 septembre dernier. L’objectif de cet événement était d’explorer comment les technologies de l’information, les matériaux innovants et les procédés de fabrication spécialisés peuvent être appliqués aux soins de santé et adaptés aux exigences spécifiques régissant ce secteur.
Vaste marché, meilleures conditions de vie
Thomas Bentzion, CEO de LiveMetric, a une grande expertise en communication, dans les satellites et dans les applications militaires. Il a été attiré par les technologies de la santé en raison d’un fort désir d’aider les gens, ainsi que par les énormes possibilités économiques qui s’ouvraient dans ce domaine. «Plus de 1,1 milliard de personnes dans le monde souffrent d’hypertension», a-t-il expliqué. «Notre tensiomètre non invasif, porté au poignet, utilise des capteurs de pression très sensibles pour surveiller la pression artérielle et traiter ces données en temps réel. Cela pourrait avoir un impact sur la vie de dizaines de millions de personnes qui pourraient être surveillées chez elles au lieu d’être hospitalisées.»
Cependant, la procédure d’homologation d’un tel dispositif est à la fois rigoureuse et longue, et non sans raison. «Les données que nous fournissons doivent être aussi précises que celles d’une unité de soins intensifs, car elles permettent aux médecins de prendre des décisions très importantes concernant leurs patients», a souligné M. Bentzion.
Néanmoins, il s’agit-là d’un défi pour les nouveaux arrivants sur le marché. «Nous n’avions pas réalisé à quel point il est difficile d’obtenir la certification et l’approbation clinique d’un tel appareil.»
Cedric Spaas, CEO d’Arspectra, était du même avis. «Nos lunettes de réalité augmentée qui guident les chirurgiens pendant les opérations sont difficiles à classer selon les règles en vigueur. Le processus de certification a un impact énorme sur notre budget et nos délais et cela est compliqué pour une jeune entreprise comme nous.»
Répondre aux exigences réglementaires
Les aspects réglementaires sont en effet perçus comme le facteur le plus difficile pour les entreprises intéressées par le marché de la santé. Toutefois, les autorités luxembourgeoises souhaitent apporter leur soutien. «Nous sommes là pour aider les nouvelles entreprises dans ce domaine, et le Luxembourg est en train de développer une agence médicale spécialisée dont l’un des principaux piliers sera le soutien à l’innovation», a déclaré Anna Chioti, chef de la division Pharmacie et médicaments au ministère de la Santé.
Nous développons l’expertise, mais cela prend du temps.
Le secteur des technologies de la santé étant encore jeune au Luxembourg, le pays ne dispose pas encore d’un organisme dédié pour évaluer la conformité des produits de santé avant leur mise sur le marché. «Nous développons l’expertise, mais cela prend du temps», a souligné le Dr Chioti. «Nous discutons actuellement avec le ministère de l’Économie et Luxinnovation d’une stratégie adaptée à l’écosystème HealthTech luxembourgeois. En attendant, nous pouvons aider les entreprises à trouver d’autres organismes notifiés pour faire approuver leurs produits. Nous sommes également intéressés à travailler avec des entreprises qui peuvent nous fournir des études de cas réels pour en apprendre davantage sur les nouvelles technologies comme les logiciels et l’intelligence artificielle.»
Matériel médical
La conférence s’est également penchée sur l’utilisation de matériaux et de procédés de fabrication avancés pour des applications dans le domaine de la santé, avec des intervenants représentant des sociétés industrielles telles que DuPont, Ceratizit ou encore Molecular Plasma Group (MPG). Pour eux aussi, le marché de la santé est intéressant.
«Le secteur de la santé s’appuie depuis longtemps sur quelques matériaux tels que l’acier inoxydable», explique Michael Sogaard, Segment account manager medical chez Ceratizit. «Aujourd’hui, il y a une demande croissante pour de nouveaux matériaux plus légers et plus rigides que ceux qui sont actuellement utilisés.»
Le respect des exigences en matière de santé est également une considération importante pour ces entreprises, et la voie à suivre dépend de leurs modèles d’affaires et de leurs stratégies. «Nous avons choisi de nous positionner en tant que fournisseur et de laisser les aspects réglementaires à nos clients», explique Marc Jacobs, CEO de MPG.
La certification peut être une protection pour vous.
La complexité relative du respect de tous les critères de certification des produits de santé peut également être une opportunité. «La certification peut être une protection pour vous», a déclaré Fedor Antonov, PDG d’Anisoprint, spécialiste de l’impression 3D en fibre continue. «Avoir une solution acceptée par l’organisme de réglementation signifie souvent avoir moins de concurrence, car moins d’entreprises franchissent cette étape.»