Toute idée, aussi géniale et révolutionnaire soit-elle, risque de ne rien valoir si elle n’est pas correctement protégée. Si, pendant longtemps, les entreprises ont surtout été attentives à comptabiliser, dans leur patrimoine, les actifs financiers et actifs matériels (biens immobiliers, équipements, produits…), elles intègrent de plus en plus des actifs immatériels, issus de la créativité, de l’imagination et de l’esprit inventif.
Ce capital intellectuel est source d’une très grande valeur pour l’entreprise, en particulier pour les entreprises innovantes, quel que soit leur domaine d’activité: nouveaux produits, logiciels, design, algorithmes, solutions de santé, productions audiovisuelles…
Or le constat est là: la propriété intellectuelle n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur, notamment par les start-up ou les PME, trop souvent accaparées par d’autres priorités qu’elles estiment plus urgentes.
Compréhension partielle ou incorrecte
«Trop souvent encore, la notion de propriété intellectuelle est réduite au brevet», constate Serge Quazzotti, directeur de l’Institut de la Propriété Intellectuelle Luxembourg (IPIL). «Surtout, les petits acteurs sont persuadés que cela ne concerne que les grandes entreprises industrielles et que cela coûte très cher. Nous observons en effet encore trop souvent qu’ils en ont une compréhension partielle ou incorrecte.»
L’intérêt est néanmoins très présent, comme en témoignent les nombreuses sollicitations dont fait l’objet le helpdesk de l’IPIL : plus de 200 en 2018. L’Institut a également reçu plus de 150 acteurs dans le cadre de son programme BOOST-IP et à assurer pas moins de 50 permanences à la House of Entrepreneurship. «Cela prouve l’importance et l’impact de cette thématique pour les entreprises et pour leurs activités. Les sensibiliser et les orienter quotidiennement dans leurs démarches de PI reste un de nos principaux objectifs», résume M. Quazzotti.
C’est dans cette même volonté de sensibilisation et d’information que trois des clusters gérés par Luxinnovation (Creative Industries, HealthTech et ICT) et l’IPIL organisent conjointement une matinée d’événement, le lundi 30 septembre prochain, de 9h00 à 12h00. En prélude aux « Afterworks de la propriété intellectuelle » qui se dérouleront les 10 (concernant les applis et les réseaux), 17 (Santé et technologies) et 23 octobre (Processus créatifs), il s’agit de mettre en avant les questions de propriété intellectuelle dans un environnement toujours plus numérique.
Conseils concrets
Des présentations seront faites par des experts luxembourgeois et européens de la propriété intellectuelle ainsi que par des praticiens expérimentés dans les domaines de la création, de la recherche et de l’investissement qui donneront des conseils concrets sur la manière de faire de la propriété intellectuelle un atout stratégique pour les entreprises.
«Nous constatons que la propriété intellectuelle est une préoccupation de plus en plus présente», note Jean-Paul Hengen, le manager du Luxembourg ICT Cluster. «En outre, il y a beaucoup de méconnaissance sur ce qu’il est possible de breveter ou pas, en matière de code source ou d’algorithme, ou bien sur les droits d’auteur dans un contexte d’open source. Il est donc important de donner une information claire à tous et d’éliminer un certain nombre d’idées reçues.»
La méconnaissance des enjeux liés à la propriété intellectuelle, n’est pas réservé aux seules entreprises du secteur ICT. «Les industries créatives sous-estiment ce pilier important de leur business model», constate Marc Lis, le manager du Luxembourg Creative Industries Cluster. «Souvent oublié par les industries créatives, la propriété intellectuelle fait pourtant partie du fonds de commerce d’une entreprise. À mes yeux, cet événement du 30 septembre a non seulement pour but d’informer et de présenter des cas réels, mais aussi de sensibiliser les créatifs et de leur permettre d’échanger avec d’autres secteurs et des experts qui d’ores et déjà misent sur la propriété intellectuelle pour capitaliser sur leurs ‘inventions’, leur ‘idées’.»
Vu du côté du secteur médical, l’approche est tout autre, car la notion de propriété intellectuelle (en particulier les brevets) a toujours été, pour les entreprises innovantes du secteur, un axe essentiel. «Les évolutions technologiques récentes, en particulier l’arrivée de la digitalisation dans toutes les dimensions des produits et des services, fait cependant évoluer ces stratégies traditionnelles», note Jean-Philippe Arié, le manager du Luxembourg HealthTech Cluster. «Bon nombre d’interrogations reviennent de manière récurrente: les différences entre les pays dans l’application des brevets numériques, le droit d’auteur applicable aux codes et aux codeurs ou aux bases de données, les algorithmes permettant les analyses complexes ou encore la vision des investisseurs.»