La création d’une symbiose pour notre cadre de vie et pour améliorer le «vivre-ensemble» constitue la raison d’être de cet événement annuel, comme l’a rappelé en ouverture de la conférence Pierre Hurt, le Directeur de l’OAI. La thématique est porteuse, puisque 70 participants avaient été recensés lors de la première édition il y a deux ans et qu’il y en avait presque trois fois plus cette fois ci.
L’événement a proposé un certain nombre d’interventions permettant de couvrir un large éventail de la thématique, avec notamment la présence du ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire, Claude Turmes, qui a mis l’accent sur l’importance de combiner énergie, santé/bien-être et économie circulaire. Avec un objectif ambitieux: celui de remplacer l’«indoor pollution» par l’«indoor well feeling »
Du bon usage du BIM
Parmi les orateurs de cette riche et intense conférence, Charles-Albert Florentin, manager du Luxembourg Cluster EcoInnovation de Luxinnovation, a fait le lien entre automobile et construction en ce qui concerne notamment les banques de matériaux.
« L’industrie automobile est très intégrée verticalement », explique-t-il. « Tous les composants d’un véhicule sont parfaitement connus et la maintenance se fait directement auprès des constructeurs ou de spécialistes. Le prototypage, les nomenclatures et l’échange d’informations sont la clé des méthodes
industrielles utilisées dans le secteur de l’automobile. À l’inverse, l’industrie de la construction est très fortement décentralisée et tous les composants d’un bâtiment ne sont généralement pas connus. Et on observe souvent des pertes d’informations entre la conception et la réalisation d’un bâtiment. L’utilisation systématique du Building Information Modeling (BIM) et des bases de matériaux permettrait d’y remédier ».
Le BIM peut se résumer en une méthode de travail collaborative qui permet l’amélioration du flux d’informations, par la création d’un clone numérique de n’importe quel projet, dans lequel peuvent alors être intégrées toutes les informations collectées par chacun des intervenants impliqués dans le projet, depuis le plan de l’architecte jusqu’aux câbles et tuyaux, mais aussi les installations, voire le mobilier utilisé. La conception, la réalisation et l’exploitation d’un projet de construction ou de rénovation peuvent ainsi grandement être simplifiés.
Pour une meilleure harmonisation des standards
« Rendre les collaborations entre les acteurs encore plus efficaces, à l’instar de ce qui se fait dans le secteur de l’automobile, est une des pistes dont le secteur de la construction devrait s’inspirer », affirme Charles-Albert Florentin. Cela passe aussi par une plus grande harmonisation des standards et la mise en œuvre de réelles politiques, que ce soit au plan national ou européen. « La mise en place d’un marché secondaire pour les matériaux après déconstruction devrait également être étudiée. Pour l’heure, il n’existe presque rien dans ce domaine. »
Quelques initiatives sont tout de même à noter, comme Eurorecup, qui opère une plateforme à la fois physique et dématérialisée pour la réutilisation de produits et matériaux après déconstruction. Par ailleurs, il existe déjà des entreprises spécialisées dans la déconstruction et la démolition, telles que Polygone, Xardel, Entrapaulus, D3…
Que ce soit en termes de phase de design initial, d’économies d’échelle ou de digitalisation, le secteur de la construction peut donc assurément s’inspirer de celui de l’automobile afin d’être toujours plus performant.
En conclusion de cette Rencontre «Recherche => Innovation + Construction», Pierre Hurt a plaidé pour la mise en place d’un cadre propice aux échanges réciproques entre recherche, innovation et construction. Selon lui, outre les aspects de soutien financier public et d’incitation fiscale, il convient d’appliquer la méthodologie d’innovation au cadre législatif et réglementaire.
En effet, à ses yeux, une «smart legislation» est une condition sine qua non pour permettre l’innovation et la créativité. Elle nécessite une certaine flexibilité tout en anticipant rapidement les nouvelles donnes.
Crédit photo: Julien Swol