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Il n’avait fallu que quelques heures, début février, pour que les réservations pour le tour en bus «Mir paken Holz un» («Nous touchons du bois») soient clôturées. C’est la preuve d’un engouement sans cesse croissant pour cette initiative du Luxembourg Wood Cluster qui permet, concrètement, de toucher du bois la réalité de projets innovant en matière de construction bois.

L’édition de ce mercredi 26 février a réuni une cinquantaine de professionnels du bois, mais aussi des étudiants du BTS Bois de WiItz. Le tour en bus, démarré au Naturzenter de l’Administration de la nature et des forêts à Senningerberg, a d’abord mené la délégation dans le quartier des Nonnewisen à Esch-sur-Alzette.

Le Fonds du Logement, en association avec la municipalité, y développe un programme résidentiel d’envergure concernant quelque 750 logements, dont une bonne partie abrités dans des bâtiments à ossature bois. «Sur 16 projets développés dans ce quartier, sept sont à composante bois», a expliqué Paulo Fraga, chargé d’opérations au Fonds du Logement.

La visite a concerné, en particulier, deux ensemble de logements inclus dans le projet global «Wunnen am Park». Le premier est le Lot 5N, comprenant 32 maisons unifamiliales et 24 appartements (tous vendus), ainsi qu’une surface commerciale. «Le bois n’était pas le moins cher dans les études préalables que nous avons fait, mais il est évidemment le plus écologique et dans une démarche qui se veut avant tout environnementale, cela a évidemment joué», a expliqué Carlos Duarté, chef de projet chez m3 Architecture, en charge de ce lot. «Nous avons donc opté pour une ossature en bois et des panneaux mitoyens en bois massif.»

Le second ensemble de logements est le Lot 6Sb1, avec neuf maisons mitoyennes construites en bandes, conçues par hsa – Heisbourg Strotz Architectes. Contrairement à l’autre lot, la présence du bois est particulièrement visible, toutes les façades étant constituées d’un bardage en bois continu, avec des lattes de deux largeurs différentes pour donner une certaine dynamique à l’ensemble.

   

La visite s’est poursuivie un peu plus à l’Est, à Bettembourg, où se trouve le tout nouveau hall de formation des Centres de compétences Génie technique du Bâtiment (GTB) et Parachèvement (PAR). Cet organe de formation, fruit d’un partenariat entre la Chambre des Métiers, la Fédération des Artisans, l’Institut de Formation du Secteur du Bâtiment et Myenergy) a fait bâtir, pour ses besoins propres, deux immenses halls tout en bois, dépourvus de tout mobilier.

Conçus par WW+ architektur + management et architecture & urbanisme 21 yvore schiltz et associés, leur construction a débuté en mai 2019 et est sur le point de s’achever. «Il n’y a ni fioritures, ni gadgets», a expliqué Marc Ant, administrateur-délégué du Centre de compétences. «Nous avons mis dans des containers en extérieur tous les matériels et installations nécessaires pour chaque formation. Il suffit alors de les amener dans le hall le temps de la formation et de les ressortir ensuite. Cela permet une modularité optimale, permettant la tenue jusqu’à huit formations en parallèle. Nous sommes fiers de ces bâtiments qui représentent aussi une carte de visite pour l’artisanat.»

Pour le suivi au quotidien de ce projet au quotidien, un concept de «Bauteam» (équipe de construction) a été développé, permettant une communication permanente et efficace avec les architectes et les ingénieurs, sans passer par des mails innombrables et interminables. «On peut être aussi innovants en termes d’organisation», se réjouit M. Ant.

En l’espace de trois ans de fonctionnement, les Centres de compétence ont formé quelque 15.000 personnes. «C’est 10 fois plus que ce que nous avions envisagé dans le business plan initial», précise Marc Ant.

 

 

 

De l’autre côté de la rue, sur ce même site Krakelshaff de Bettembourg, trône l’Innovation Living Lab de Neobuild, le pôle d’innovation technologique du secteur de la construction durable. «Nous travaillons dans la réalité des choses: nous testons sur place et sur le terrain», a expliqué Boris Solecki, Innovation Project Manager chez Neobuild.

Ce pôle d’innovation joue à la fois un rôle d’observation du marché de la construction durable; d’agrégateur de compétences; de support sur-mesure pour l’analyse, la formulation et le lancement de projets d’innovation et aussi de facilitateur.

Son Innovation Center est un bâtiment zéro énergie de 2.200 m2, dans lequel les tests grandeur nature sont légion. Des start-ups peuvent ainsi expérimenter «en vrai» leurs inventions, comme, récemment, Leko et son système constructif basé sur des éléments en bois croisés assemblés par picots.

Ou bien, comme actuellement, la société Mods (Modular Wood System), d’origine belge, qui a installé une paroi conçue avec des éléments modulaires en bois, assemblés par simple boulonnage, sans colle ni vis, permettant une flexibilité de mise en œuvre optimale, dans un système à la croisée des Lego, Meccano et autres Kapla… Réutilisable à l’infini, hyper modulaire, durable, facile à (dé)monter: voilà ce qui résume ce concept.

«Nous avons développé des modules carrés de 50 cm de côté et de 10 cm d’épaisseur, car une telle configuration couvre à la base 75% des besoins généralement exprimés en matière de parois», explique Julien De Visscher, le concepteur du produit. «Les usages sont multiples et peuvent convenir à des événements éphémères, des pop-up stores, des cloisons de bureaux… Nous pouvons même concevoir des cloisons en leasing, facilement démontables au bout de quelques années, plutôt que d’imaginer une destruction pure et simple».

Et de prévoir, pour 2021, la sortie d’une app’ mobile permettant de pré-configurer les volumes voulus.

«La question de la modularité est essentielle dans le secteur de la construction, tant la fonction du bâtiment évolue très rapidement», note Philippe Genot, le manager du Luxembourg Wood Cluster. «Le système développé par Mods est à la fois simple et complexe: on imagine que derrière chaque trou dans les modules, il y a beaucoup de réflexion. Et au-delà de ce système se pose toute la réflexion autour de l’industrie 4.0 et la nécessité d’améliorer l’efficacité de la production de telles pièces, mais aussi de la pré-fabrication de produits finaux. Et il est très intéressant que cela puisse se faire avec une start-up établie ici!»

 

Cap plus au nord pour la dernière étape de ce tour en bus, avec un passage par Moutfort pour y admirer la première maison en bois entièrement modulable au Luxembourg, réalisée par Blumer Lehmann pour le compte de FAT Architects.

À l’origine, il y avait trois modules en bois préfabriqués et utilisés comme restaurant temporaire pendant deux ans dans les Alpes Suisses, à 2.300 mètres d’altitude. Démontés et redescendus en plaine par hélicoptère, ces modules ont ensuite été légèrement «rafraîchis» (le bardage et les installations sanitaires) et acheminés par la route vers le Grand-Duché où ils ont été remontés en l’espace de trois jours pour en faire un bureau fonctionnel: une première journée pour la préparation des pilotis pour les fondations, une deuxième pour l’installation en tant que telle et une dernière journée pour les finitions.

«Nous avons une autorisation pour quatre années. Nous adapterons ensuite ces modules et les réutiliserons dans un autre contexte», explique Thomas Kruppa, le CEO de FAT Architects. «Nous voyons un grand potentiel dans le développement de telles construction modulaire en bois: avec un gros travail dans la préfabrication en atelier, puis des délais très courts pour le transport et l’assemblage. En Suisse, en Autriche et, dans certains cas en Allemagne, le concept de construction modulaire en bois est déjà appliqué avec succès depuis un certain temps dans la construction de bureaux et d’hôtels.»

Un exemple parmi d’autres du formidable potentiel que représente le matériau bois dans le développement de concepts innovants de construction. «Le rôle du bois dans la construction circulaire est essentiel et ce marché se développe très fortement depuis quelques années. Les partages d’expérience sont essentiels tout comme les ‘mises en relation’ entre professionnels. Nous voulions, par ces visites très inspirantes, stimuler cet échange. On ne peut pas imaginer mieux le faire que sur le terrain et en ‘touchant du bois’, bien évidemment», conclut Philippe Genot.

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