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Du concret et des échanges. Ainsi s’est articulée le «Construction Day» organisé dans le cadre de Smart Manufacturing Week pilotée par Luxinnovation début juin.

La matinée de cette journée dédiée au secteur de la construction a été consacrée à la visite du chantier du pavillon modulaire réalisé par l’entreprise Degotte pour l’École du Brill de Dudelange. Une structure de transition réalisée en parallèle de la rénovation de l’ancien bâtiment de l’école, mais qui doit répondre aux normes afin de pouvoir accueillir les enfants de l’enseignement fondamental au cours des 6 à 8 prochaines années.

Sur de nombreux points de vue, de tels chantiers «modulaires» présentent des avantages par rapport à des chantiers «traditionnels». «Un bâtiment modulaire peut toujours être démonté et avoir une 2e, 3e voire une 4e vie avant d’être démonté de façon définitive et d’avoir ses matières premières recyclées», a expliqué Benoit Keyen, Directeur Développement chez Degotte.

Impression 3D Béton

La matinée s’est poursuivie avec la visite virtuelle des ateliers de Hyperion Robotics, start-up basée à Heslinki (Finlande) et spécialisée dans l’impression 3D Béton. Avec, pour ambition, de révolutionner le monde du béton, tout autant sur le plan technologique qu’écologique, sachant qu’entre 8 et 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent de la seule production de béton, soit deux fois plus que le transport aérien.

«Une des réponse à cette problématique tient dans l’impression 3D», a résumé Henry Unterreiner, un des fondateurs de la société. «Cela garantit des performances mécaniques similaires au béton traditionnel, mais en utilisant 75% de matériaux en moins.»

Les performances chiffrées du procédé parlent d’eux-mêmes: une réduction de 90% du carbone associé à la construction en béton, un gain de 30% en termes de coûts et de 50% pour ce qui est du temps de production. «Sans compter les gains en termes de sécurité».

Une démonstration en “live” a permis de juger de la rapidité du processus, avec le début de l’érection d’un mur de rétention de 1,72 m de haut, composé à partir d’un total de 86 couches de béton.

Décarbonation et construction hors-site

L’après-midi de cette journée spéciale a été dédiée à deux tables rondes organisées dans les locaux de Neobuild, la première étant consacrée à la thématique «Décarbonation via la construction ‘hors-site’: réalité ou fiction?»

«L’impulsion à donner autour de toutes les réflexions liées à la décarbonation doit venir du maître d’ouvrage. En intégrant ces paramètres dès les premières interventions des bureaux d’étude, on est en mesure de réaliser des économies de plusieurs centaines d’euros par mètres carrés», a expliqué Raphaël Leduc, Directeur de projet chez le développeur immobilier Codic.

Entre l’approche «industrialisation» et l’approche «pré-fabrication», les enjeux et les attentes ne sont évidemment pas les mêmes. «Il ne faut pas opposer la préfabrication avec l’industrialisation, mais plutôt prendre le meilleur des deux», a estimé Omar Mataar, Directeur innovation chez CLE / Wood Shapers.

La préfabrication et la modularité sont deux réponses prometteuses face aux défis actuels en matière de durabilité et d’économie circulaire du secteur de la construction.

Charles-Albert Florentin (Luxinnovation)

Le gain de temps est évidemment un des leviers principaux de la mise en œuvre de telles approches. «Il est toujours plus intéressant d’assembler en cinq heures que de construire en cinq jours», a, ainsi, mis en avant Benedito LEMOS – Directeur International Coordinator chez Casais, un des plus importants du secteur de la construction au Portugal.

Modérateur de cette table ronde Charles Albert Florentin, le manager du Luxembourg Cleantech Cluster de Luxinnovation, ne peut qu’abonder dans le sens des présentations qui ont animé cette table ronde. «La préfabrication et la modularité sont deux réponses prometteuses face aux défis actuels en matière de durabilité et d’économie circulaire du secteur de la construction. Elles contribuent non seulement à l’optimisation du bilan carbone du secteur, mais aussi au développement d’activités telles que la rénovation, la déconstruction et le réemploi.»

Délais raccourcis

De son côté, la Compagnie de construction CDCL a mis en avant le partenariat établi avec CREE, une entreprise basée en Autriche qui a révolutionné le monde de la construction en proposant un système modulaire bois-béton: des matériaux traditionnels, mais mis en œuvre avec des techniques innovantes. Avec, à la clé, des délais de construction raccourcis, une consommation de CO2 largement diminuée et des performances énergétiques accrues. «La construction hors-site et l’industrialisation permettent de consolider des lots qui sont souvent saucissonnés et de générer des gains énormes en termes de transport, avec près de 30% de tonnage en moins», a ainsi illustré Quentin De Man, Responsable Design for Build chez CDLC / CREE.

Poser et accrocher une cage d’escalier préfabriquée en béton, cela peut se faire en quelques minutes, comparé à trois mois dans le cadre d’un chantier sur site. Dans ce cas, le gain de temps parle de lui-même. «Réaliser un tel ouvrage en amont, dans notre usine, permet en outre de s’affranchir des contraintes dues aux intempéries et assure également un surplus de sécurité pour nos ouvriers», a expliqué Roméo Martins, Responsable étude stabilité Lean Méthodes au sein du bureau d’études Greenstone.

La préfabrication, c’est également inscrit dans les gènes de la société Prefalux, entreprise générale de construction spécialisée dans les travaux de construction en bois, toiture et parachèvement. Avec un gain qui se mesure également sur le plan énergétique. «Maximiser la préfabrication sur nos sites permet de limiter les nuisances dues aux transports», a expliqué Pierre Goetschy, Directeur technique chez Prefalux. «Nous récupérons aussi 80% de notre énergie grâce aux panneaux photovoltaïques dont sont équipés nos ateliers et tous nos copeaux et déchets de bois sont ramenés chez Luxenergie, une autre source d’énergie pour nous».

Technologie et préfabrication

La thématique de la seconde table ronde a permis d’aller plus en profondeur sur une problématique précise, en posant la question de la place de la technologie dans la préfabrication de composants et de modules.

“Nous pourrons arriver à beaucoup de belles choses si on ne nous retire pas le droit à la créativité”, a plaidé Ferd Feidt, l’administrateur-délégué de Bétons Feidt. “La robotisation de certains processus répétitifs pour la mise en place de coffrages ou pour des découpes de matériaux ne sont pas en tant que tel des révolutions technologiques. Cela relève plutôt de la responsabilité qui est la nôtre d’améliorer certains process.”

L’industrialisation et la technologie peut se retrouver à de très nombreux niveaux dans la très vaste palette des métiers de la construction. Basée dans le Nord de la France, Les Companions s’attèlent à créer une véritable collaboration entre l’homme et la machine et, ainsi, apporter des solutions innovantes pour tous les métiers du second œuvre. C’est dans cette logique qu’est né Paco, un robot collaboratif pour les peintres.

«Le peintre effectue une mesure complète et précise en réalisant un scan 3D de l’environnement, ce qui permet de recréer virtuellement la pièce», a expliqué Antoine Rennuit, le fondateur de la société. «Puis le robot est programmé afin de définir les travaux de peinture à réaliser. Et c’est lui qui sera ensuite en charge des tâches difficiles et dangereuses, ou bien répétitives».

La robotisation et les technologies de manière générale, ne remplaceront jamais le savoir-faire des professionnels.

Mickaël Pascual (Neobuild)

Pas question, pour autant, d’imaginer que la machine se destine à remplacer l’humain. L’intervention du peintre professionnel est toujours requise. «Les technologies sont là en support et doivent servir à apporter certaines solutions aux problématiques rencontrées au quotidien, à la fois par ceux qui construisent les bâtiments que par ceux qui les utiliseront».

Guillaume Weiss, – Director Manufacturing Systems Division chez Leko Labs, ne dit pas autre chose: «Les robots ne replaceront jamais personne. Ils sont excellents pour les tâches répétitives et contraignantes. Pendant ce temps-là, on peut réemployer les personnels différemment» .

Le lien entre l’homme et la machine reste, évidemment, un des enjeux majeurs de toute démarche d’automatisation et de robotisation. Sur ce point, tous les intervenants sont unanimes: il n’est pas question d’opposer l’un à l’autre. «La robotisation et les technologies de manière générale, ne remplaceront jamais le savoir-faire des professionnels. Ils ne sont que des outils permettant de répondre principalement à des contraintes de rapidité et de pénibilité du travail», estime ainsi, en conclusion, Mickaël Pascual, Chef de projet chez Neobuild, qui a modéré cette seconde table ronde.

 

Photo: Luxinnovation

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