Partout en Europe, la construction éco-responsable et circulaire prend une importance de plus en plus importante.
Dans ce contexte, le bois, matériau circulaire par excellence, jouera certainement un rôle majeur dans les prochaines années et on le retrouve déjà dans de nombreux projets de recherche et d’innovation.
NWE Adhesive Free Timber Buildings est l’un d’entre eux. Destiné à s’attaquer au gaspillage et à l’utilisation nocive d’adhésifs toxiques dans la fabrication de produits en bois d’ingénierie, ce projet Interreg met en avant l’alternative «verte» que constituent ces matériaux vis-à-vis de l’acier et/ou du béton.
Il vise, à terme, à produire 1 million de m3 de tels produits sans adhésif et à éliminer ainsi 6.000 tonnes d’adhésifs toxiques actuellement utilisés dans la fabrication.
Ce projet NWE Adhesive Free Timber Buildings (AFTB) regroupe des chercheurs de 6 prestigieuses institutions européennes: l’Université de Liverpool, La National University of Ireland Galway, La Technical University of Dresden, l’Université de Lorraine, l’Office économique wallon du Bois et le LIST au Luxembourg.
Une base de connaissances élargie
C’est d’ailleurs dans les locaux du Luxembourg Institute of Science and Technology, à Belvaux, que s’est tenue, le 30 janvier dernier, à son initiative, une présentation des grands résultats de ce programme qui arrive à échéance en 2020, avec de belles perspectives pour les années à venir.
Près de 75 personnes, principalement actifs dans la filière bois, ont répondu à l’invitation et ont suivi les présentations de Dan Bradley, Project Manager School of Engineering à l’université de Liverpool, l’organisme qui a coordonné ce projet.
Il a pu ainsi évoquer l’avancement des recherches sur les connecteurs 100% bois, permettant d’envisager des constructions en en bois sans colle ni métaux; sur les panneaux tourillonnés pour fabriquer des bois lamellés croisés (CLT) sans colle ou encore sur le bois densifié pour augmenter la performance mécanique.
Des démonstrateurs ont également été présentés, indispensables outils permettant de passer des résultats en laboratoire à la concrétisation sur le terrain. Dr Damien Lenoble, directeur du Materials Research and Technology Departement au LIST, a complété le tableau en détaillant ses activités dans le cadre de la recherche autour du bois.
«Cet événement a été l’occasion de démontrer comment des projets tels que l’AFTB facilitent le développement de nouvelles technologies et permettent l’émergence de nouveaux matériaux, produits et moyens de fabrication durables», indique Salim Belouettar, Composites Modelling and Simulation Research Group Leader au LIST, qui a directement travaillé sur le projet. «Nos spécialistes des matériaux ont élargi la base de connaissances, réduit les complexités, accéléré le développement des matériaux et des produits et réduit le délai entre le concept et la mise sur le marché.»
Fédérer le monde de la recherche et les entreprises
Concrètement, le LIST a développé une plateforme de calcul pour la modélisation et la simulation du bois comprimé et pour la conception de produits en bois d’ingénierie sans adhésif. Cette plateforme peut être utilisée pour réduire le temps de développement des produits, pour anticiper les effets de la réingénierie de manière quantitative et pour améliorer la prise de décision dans les premières phases du processus de conception.
«Nous avons grandement apprécié cette opportunité de tourner les projecteurs sur ce projet européen transnational», s’est réjoui, pour sa part, François Deneufbourg, Responsable Développement à l’Office économique wallon du bois. «C’est une très bonne manière de répondre sans doute aux exigences des règlementations de la construction de demain et aux enjeux de l’économie circulaire.».
Satisfaction de mise, également, de côté de l’Université de Lorraine, ravi de cette occasion de «nouer des liens avec les différents acteurs économiques afin de les associer le plus en amont possible dans la vision globale du projet AFTB», explique Marc Oudjene, Maître de conférences – Université de Lorraine. «Cela permet d’aboutir à des solutions techniques viables incluant les notions de performances, de coûts économique et environnemental. Mais cela est aussi nécessaire pour aborder l’étape de l’étude prénormative et les aspects réglementaires».
Encourager et favoriser les interactions et les échanges entre le monde de la recherche et les entreprises fait partie des missions premières du Luxembourg Wood Cluster. «Ce rôle de fédérateur est un aspect essentiel de notre activité», confirme Philippe Genot, manager du cluster, qui a fait la promotion de ce projet de recherche auprès des entreprises impliquées dans l’écosystème luxembourgeois. «En montrant l’état d’avancement de la recherche au Luxembourg dans le cadre de construction circulaire et bois, nous avons pu initier un point de départ pour imaginer une suite à de futurs projets autour de la même thématique. Cela répond, au quotidien, à un intérêt toujours grandissant de la part des entreprises qui sont aussi en quête de nouvelles technologies et de nouveaux développements. Le nombre important de participants à cet événement illustre cet intérêt.»