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C’est par la loi en date du 21 mars 2012 relative aux déchets que le Luxembourg a transposé dans le droit national la directive européenne 2008/98/CE relative aux déchets. Un texte qui, comme son nom l’indique, détaille le sort réservé à toutes sortes de déchets, mais sans vraiment envisager de traitements particuliers pour les matériaux dans le domaine de la construction. Le réemploi y est à peine évoqué. La reconstruction absolument pas.

Pourtant, les déchets issus de la construction et de la démolition représentent entre 25 et 30% du volume total des déchets survenant dans l’Union européenne et constituent ainsi le flux de déchets le plus important.

Si la loi prévoyait, dans son article 26, la réalisation d’un inventaire permettant d’identifier et de répertorier, préalablement à toute démolition, les différents matériaux utilisés dans un ouvrage à démolir, il a fallu attendre 2018 et une initiative conjointe de l’Administration de l’Environnement et du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) pour que les aspects pratiques d’un tel inventaire soient clarifiés.

Large tour de table

«C’est à la suite de cette publication qu’un groupe de travail a été mis en place conjointement avec le Centre de Ressources des Technologies et de l’Innovation pour le Bâtiment (CRTI-B), regroupant les principaux acteurs publics et privés de la déconstruction», rappelle Bruno Domange, Senior Environmental Engineer au sein du LIST.

Faire la part des choses entre déchets et matériaux à valoriser. (Bruno Domange, LIST)

Autour de la table: des administrations (Bâtiment publics, Environnement), des fédérations professionnelles (artisans, entreprises de construction), des chercheurs, des entreprises de construction et/ou déconstruction, des architectes… «Il était important de réunir un panel le plus large possible d’acteurs, afin de réfléchir tous ensemble sur le déroulement d’un chantier idéal», précise M. Domange. «Il fallait surtout changer de paradigme: passer d’une approche ‘démolir vite et pour pas cher’, sans réel intérêt au sujet du ‘comment’, à la mise en œuvre d’une déconstruction sélective et contrôlée, faisant la part des choses entre déchets et matériaux à valoriser.»

Devant le constat que certains acteurs du domaine de la construction, notamment certains maîtres d’ouvrage publics, ne maîtrisaient pas du tout ces différents concepts, l’étape suivante a bien rapidement été la rédaction d’un véritable guide de la déconstruction. Objectif: présenter les bonnes pratiques et la façon dont un chantier devrait se dérouler.

«C’est dans le cadre de la rédaction de ce guide que la question du réemploi est devenue prépondérante. Nous avons alors développé une méthodologie permettant l’établissement d’un autre inventaire, complémentaire, consacré au réemploi. Ce n’est pas tout à fait la même philosophie, mais l’intention reste de préserver des matériaux et éléments de construction tels quels et éviter de devoir les recycler», explique M. Domange.

Pour une plateforme physique

Dans le même temps, le LIST a également été invité à participer au projet Interreg FCRBE (Facilitating the circulation of reclaimed building elements in Northwestern Europe / Faciliter la circulation des éléments de construction récupérés en Europe du Nord-Ouest). Une initiative conjointe de plusieurs partenaires européens placée sous la direction de l’ASBL belge Rotor et dont l’ambition est d’augmenter de +50% la quantité d’éléments de construction récupérés circulant sur son territoire d’ici 2032.

Avec, dans tous les cas de figure, la nécessité de fédérer un maximum d’acteurs et parties prenantes dans le secteur autour d’une même initiative pour espérer parvenir à des réussites concrètes. Notamment la mise en œuvre d’une plateforme physique, condition impérative de succès d’un tel projet, puisqu’elle permet d’assurer la transition à la fois spatiale et temporelle entre le moment où un élément est déconstruit quelque part et celui où il est remis en œuvre autre part. En attendant, deux plateformes virtuelles sont en train de voir le jour au Luxembourg.

«Il y a toujours une barrière psychologique qui est de se dire que des matériaux de réemploi sont forcément ‘cheap’ et pas toujours très jolis. Pourtant, la pratique fonctionne très bien dans le domaine des vêtements ou de l’automobile. Pourquoi cela ne fonctionnerait-il pas dans la construction, qui est beaucoup moins complexe sous bien des aspects?», s’interroge M. Domange.

Une structure ouverte

Reste la grande question soulevée par le rapport : quelle forme pourrait – ou devrait? – prendre une telle plateforme? «Idéalement un groupement d’intérêt économique ou une coopérative», commente Charles-Albert Florentin, coordinateur du rapport d’étude «Mise en place d’une plateforme de réemploi au Grand-Duché du Luxembourg» présenté début juillet. «Une telle structure se doit d’être ouverte pour quiconque souhaitant l’alimenter ou s’y servir, afin de ne pas créer de distorsion.»

Clairement, il faut que quelqu’un accepte de se lancer. (Bruno Domange, LIST)

L’obstacle majeur demeure celui du risque financier et de la faible rentabilité attendue d’une telle plateforme: la marge liée à ces matériaux est très faible, il n’y a pas de taux réduit ni d’exonération de TVA et la concurrence de prix entre ce type de matériaux de réemploi et les matériaux neufs est rude.

Pourtant, un modèle similaire existe déjà avec les ressourceries et recycleries, ces lieux de collecte, de réemploi ou de revente d’objets destinés à être jetés, dont les pouvoirs publics soutiennent largement le déploiement. «Clairement, il faut que quelqu’un accepte de se lancer. La balle est au milieu du terrain, entre tous les camps concernés. Il faut qu’elle circule, maintenant», conclut M. Domange.

 

Photo: Tham Yuan Yuan / Pixabay

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